A l’heure où à chaque saison s’égrène les annonces de fermetures de station de ski, la conscience exacerbée des effets du dérèglement climatique voudrait qu’on invente une cohabitation plus respectueuse, plus durable. « La Voile », station de ski 1600 de Puy-Saint-Vincent n’échappe pas à la règle.
Conçue dans les années 70 par l’architecte grenoblois Michel Ludmer, sur le modèle de la station intégrée, cette véritable ville d’altitude concentre dans un long monolithe épousant les pentes du massif, hébergements (3 000 lits), commerces et équipements publics. Si cette station peut être vue comme l’archétype du développement déraisonnable du « tout tourisme » en montagne, la question de sa transition vers un modèle plus vertueux se pose.
C’est dans ce contexte que la Ville de Puy-Saint-Vincent a souhaité adosser à « la Voile » un équipement permettant l’évolution et la diversification des activités de loisirs de la station 1600 que ce soit en période hivernale ou estivale. Ainsi le centre multi-activité accueille sur quatre niveaux et 1600 m², les services techniques et les engins de déneigement de la station, une salle de spectacle polyvalente, un espace de jeux et de loisir (bowling, mur d’escalade…), un office de tourisme ainsi qu’une patinoire.
Construit sur un replat ménagé dans une pente à 27% et lier au pied de la station par une passerelle, le bâtiment permet de joindre les départs du domaine skiable avec le stationnement qui occupe le bord des voies en période de forte fréquentation. Il s’agit d’un édifice au programme hybride et instable, ce dernier n’ayant cessé d’évoluer au cours des phases d’études, un lieu de passage, offrant des vues à 180 degrés sur le nord du massif des écrins et la Vallouise.
Formellement nous avons souhaité établir une continuité matérielle et visuelle avec l’architecture de la barre par l’emploi du béton et du bois en façade et une morphologie cubique renvoyant au caractère brutaliste de l’ensemble.
Pour autant, l’équipement adopte une certaine neutralité que ce soit d’un point de vue structurel ou spatial. Il s’agit au travers d’une trame de poteaux-poutre et le développement de vastes plateaux libres de proposer des espaces capables d’accueillir une pluralité d’usages et d’évènements et d’offrir la possibilité de multiples configurations et réaménagements.
De la même manière, nous avons limité au strict nécessaire les équipements techniques et l’emploi de matériaux de second-œuvre. Il s’agit au travers de ces dispositions d’édifier une architecture à la fois frugale et durable dans sa forme comme dans sa matérialité, même si dans le détail elle peut atteindre une grande complexité, une architecture capable de répondre aux transformations à venir et aux incertitudes du temps.
Photos : ©Florence.Vesval